mercredi 28 mai 2008

Présentation en français de la commission pastorale de la terre au Brésil et le travail de Don Thomas Balduino

Rapide présentation du Don Thomas Balduino et du thème de la visite qu’il compte faire en suite avec Thomas Bauer, coordinateur de la commission pastorale de la terre de Bahia, Brésil.

Mgr Thomas Balduino, dominicain, est évêque émérite de Goias (1967-1998). Né le 31 décembre 1922, il est aujourd’hui âgé de 85 ans. Il a été le premier président de la commission pastorale de la terre, l’un des évêques brésiliens les plus actifs dans le soutien au mouvement des paysans sans terre. Il reste aujourd’hui conseiller de la commission pastorale de la terre. Il s’exprime parfaitement en français.

Thomas Bauer d’origine autrichienne est membre de la commission pastorale de la terre de Bahia. Il est de langue maternelle allemande.

L’objet de sa visite en Suisse, actuellement planifiée du 12 au 21 mai 2008, est de présenter et de rendre public la problématique posée par le projet de détournement du fleuve Sao Francisco ainsi que l’alternative possible à ce détournement des eaux du fleuve intitulé « Convivencia com o semi-arido ».

Les Etats du centre du Brésil dans la région Nord-Est du pays souffrent d’un manque d’eau chronique. Et la population a de graves problèmes de subsistance en raison des régulières périodes de sécheresse. Toutefois le problème principal ce n’est pas le manque d’eau, mais la répartition des ressources. Il serait relativement peu onéreux de construire les puits et les retenues d’eau permettant de limiter les conséquences des périodes de sécheresse.

Le projet de détournement des eaux du fleuve Sao Francisco consiste à créer deux canaux respectivement longs de 400 et de 220 km pour mener les eaux du fleuve vers le Nord, une région semi-aride au centre-nord du Brésil. Le canal nord devrait élever l’eau de 165 mètres, celui de l’est de 364 mètres. Il est prévu pour ce faire 9 stations de pompage, 27 aqueducs, 8 tunnels, 35 bassins de rétention et deux usines hydro-électriques. Ce projet est estimé à 2,4 milliards d’euros et est supposé apporté de l’eau à 12 millions de personnes. En fait, disent les opposants à ce projet du gouvernement Lula, l’eau détournée devrait servir à 70% à l’industrie agricole exportatrice pour la production de fruits, de sucre (y compris pour les agro-carburants) et l’élevage de crevettes. Les opposants affirment aussi qu’il existe des possibilités de résoudre le manque d’eau de la région semi-aride concernée par une meilleure gestion des ressources hydriques disponibles (lacs artificiels et réservoirs, eaux souterraines), ce qui reviendrait nettement moins cher et permettrait une gestion locale de l’eau.

A cela s’ajoute des questions de corruption, de gestion de ce gros projet qui fit déjà l’objet de plusieurs procès. En décembre 2007, la cour suprême brésilienne avait autorisé la reprise des travaux, suspendu auparavant pour irrégularités.

C’est contre ce projet gigantesque que Mgr Luiz Flavio Cappio, franciscain, évêque de Bahia, a fait une grève de la faim en décembre 2007 (il avait déjà mené une grève de la faim deux ans auparavant) qu’il a suspendu pour des raisons médicales.

Mgr Cappio avait dit en interrompant son action « je mets fin à mon jeûne, mais pas à ma bataille ». Cet engagement est porté par la CPT de Goias, de Bahia, par l’actuel évêque de Goias et par des ONG locales. Il a également reçu le soutien de larges cercles, dont, en Suisse, la CES et la FEPS (http://www.sbk-ces-cvs.ch/ressourcen/download/20071218143049.pdf), des franciscains internationaux à Genève (http://www.franciscansinternational.org/news/article.php?id=1409), le COE (http://www.oikoumene.org/en/resources/documents/general-secretary/messages-and-letters/13-12-07-letter-to-the-president-of-brazil.html).

La CPT est un partenaire important de l’Action de Carême et nous soutenons le travail de cette commission de la conférence épiscopale brésilienne dans trois Etats du Brésil: dans l’Etat de Ceará (un programme de trois ans et jardins familiaux), dans l’Etat de Piaui (programme de trois ans et construction de citernes), dans l’Etat de Tocantins (soutien à des petits paysans)
Dans le cadre de notre engagement pour le droit à l’alimentation et notre soutien aux dynamiques locales qui visent à garantir l’accès aux ressources vitales que sont l’eau, la terre et la nourriture, nous sommes solidaires de cet effort visant à faire comprendre le caractère problématique d’un projet immense qui ne répond pas aux besoins de la population.

JCH/16.04.08

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